A chaque expérience son apprentissage...

Le lendemain je me réveillais tranquillement lorsque je reçu un appel me confirmant que j'avais obtenu le job dans le standard de concessions automobiles (vous pouvez imaginer mon euphorie !). J'acceptais tout de même, en me disant que ça me donnerait un salaire fixe et que ça me permettrait sûrement de rencontrer du monde (et puis j'allais apprendre plein de choses sur le leasing, les assistances dépannages, les différents pneus en fonction des marques... Un grand monde s'offrait à moi !).
Je me suis tout de même dis que cette ville était vraiment chouette professionnellement : je ne parlais pas un mot de la langue du pays, et j'avais pourtant trouvé deux jobs en quatre jours (un alimentaire et safe, l'autre aléatoire mais qui me passionnait), c'était hyper dynamisant !




Je passais ma journée à me balader (bon surtout à me poser dans des cafés, au chaud) et à bouquiner, le cœur léger. Le soir, ma coloc avait organisé une soirée française dans laquelle elle invita toute sa "team". Ce fut assez rigolo, un joli buffet était dressé, mignon autant que bon. Les gens étaient sympas, et je fus sauvée par la présence d'un français et de deux allemands qui avaient vécus en France. Sans cela, j'aurais certainement passé mon temps à observer des gens parler une langue qui paraissait à mon oreille tout aussi étrangère que le mandarin. Des musiques françaises ont défilées toute la soirée. Malgré de grands classiques tels que Brel, Gainsbourg et Brassens, l'ambiance musicale était pour le moins drôle, puisqu'elle était composée du genre de musiques que nous, français, mettions en fin de soirée, dans ce genre de moment où on n'a plus vraiment de libre arbitre. Il aura donc fallut que je quitte la France pour observer des gens totalement sobres s'enjailler sur du Alizée ou les démons de minuit. Et rien que pour ça, ça valait le coup d'être venue ! 

 

Mon samedi fut principalement constitué de prospections au sujet de mon boulot dans le bar culturel. Je passais donc plusieurs heures, très courtes, à apprécier découvrir de nouvelles œuvres artistiques, parfois électrifiantes et vivifiantes, parfois pas très intéressantes. Je me gavais de tout cet art avec délectation.

Le soir, je retrouvais deux copains français pour aller dans un lieu pour le moins improbable (dis donc, encore...). Sophie m'avait expliqué que c'était un bar "nostalgique des années 40 à Berlin", je lui répondis en riant que ce n'était pourtant pas leur période la plus glorieuse... Après ce petit interlude humour période sombre, elle m'expliqua qu'en fait, c'était un bar très fréquenté par les résistants lors de la guerre, en attestaient les impacts de balles encore visibles sur certains murs. 
Lorsque j'arrivais dans ce lieu, je fus encore davantage surprise. Le premier objet de mon étonnement fut la clientèle : hétéroclite au possible, elle était composée de gens de tous âges, mais dont la moyenne était assez élevée. Sur ma route je croisais le regard de vieilles blondes boudinées dans des corsets à lacets (beurk), de jeunes poypoy un peu perdus, de vieux qui avaient rebranchés leur sonotones, et des serveurs donnant tous l'impression qu'ils étaient au bout de leur vie, tentant de se faufiler entre tous ces clients enthousiastes et agglutinés. ça grouillait de partout, certains riaient aux éclats, d'autres buvaient, j'en voyais aussi attablés et en train de regarder la piste de danse avec un air mi-désespérés, mi-envieux. La piste de danse, parlons-en ! Idem : des danses totalement diverses. De la danse de salon aux déhanchés de Queen-B, en passant par des gens plantés sans rien faire (qui tanguaient simplement sous l'effet de la masse fourmillante). J'ai aperçu au loin les visages de Sophie et Aurélien, qui me paraissaient très lointains au regard de la rivière humaine que je devais traverser. Mais je parvins à les retrouver, riant bruyamment de ce lieu surprenant. 
Ce n'est qu'ensuite que j'ai observé la décoration, difficile à décrire... Le mobilier était effectivement ancien, et donnait au lieu un cachet à la fois sombre et authentique. Le bois était partout, apportant une atmosphère chaleureuse. Des banquettes étaient disposées en tous points du lieu, sans logique apparente. De grandes tables trônaient la pièce de toutes parts qui, ajoutées à l'ambiance, me donnaient l'impression d'avoir atterrie au mariage de l'oncle Hanz-kartoffle. Et pour ajouter un peu de funky au lieu, ils avaient disposés des boules à facettes, ainsi que d'énoooooormes guirlandes argentées un peu partout dans la salle. Ce bar était inéluctablement l'un des lieux les plus kitch qui m'ait été donné de voir : je l'adorais !
Nous avons fait la connaissance d'une Allemande qui parlait cinq, voire six langues. Ces gens-là m'impressionnent toujours beaucoup, et phénomène étrange : ils sont loin d'être rares à Berlin ! Ils passent avec une facilité déconcertante d'une langue à l'autre tout en te disant que "vraiment, ils sont cons ces français à ne savoir parler que leur putain de langue". Le pire, c'est que je ne peux jamais les contredire... Oui, on est con, et je fais bien partie de cette tranche de la population qui sait aligner trois phrases en anglais, et "that's it".
Après notre pinte, nous avons décidé de changer de lieu. Je me laissais guider avec plaisir, et après quelques courtes minutes de marches, nous arrivâmes dans un petit bar alternatif typique de l'idée qu'on se fait de ce genre de lieu à Berlin. La clientèle semblait "hipster mais pas vraiment", la luminosité était presque intégralement tamisée et teinte de rouge. Les murs aussi étaient pourpres, avec des touches de noir. Beaucoup de plantes truffaient le bar, et divers tags envahissaient les murs, du sol au plafond. Au fond, une pièce plus éclairée accueillait des gens affalés dans des canaps et des sportifs de haut niveau jouer ardemment au baby.
Nous discutâmes tranquillement, jusqu'à ce que je me rendis compte qu'en fait, j'étais bourrée. J'avais pas vu le truc venir ! Je me dirigeais vers les toilettes pour y déposer un petit vomito express, tout propre, tout en finesse ! Nouvelle morale : une pinte et deux russes blancs quand tu n'as pas mangé, c'est pas une bonne idée. Je suis certainement trop vieille pour le "manger c'est tricher". Non, non : MANGER C'EST LA VIE.
Suite à ce petit épisode, nous sommes donc allés déguster un succulent Kebab bien salvateur, et j'ai repris la route de mon appart, le pas dansant ! 

 

Ps : désolée pour les photos médiocres, j'avais que le portable..!

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