Le bonheur est dans le gâteau !


Le lundi matin, je prenais le temps de profiter de ma grasse matinée et de me réveiller tranquillement, comme à mon habitude depuis mon arrivée. J’ai ensuite passé mon après-midi à bosser sur l’événement du mardi, donc je vais vous faire le plaisir de passer sur ces détails pas super intéressants.
Le soir, je rencontrais un artiste qui avait répondu positivement à ma demande concernant l’expo. On s’est retrouvés dans un café cosy, vers Kreuzberg il me semble (je dis bien il me semble car mon système de géolocalisation interne est fortement défaillant ici). Le mec était très chouette, nous avons directement commencé à parler d’autres choses que de l’expo. Et puis nous avons bifurqué vers ses travaux, qui me plaisaient particulièrement mais sur lesquels j’avais besoin d’éclaircissements. C’était très intéressant, puisqu’ils questionnaient notre rapport à l’image, au reflet, à l’attention, aux représentations… Moultes sujets sur lesquels il ne faut pas me lancer, sinon y en a pour des heures (Ayant hérité du célèbre "oui mais" de ma mère) !
J’ai ensuite dû partir pour aller retrouver une autre personne qui m’avait contactée car elle souhaitait ouvrir un lieu culturel, elle aussi. Encore une fois, je ne savais pas vraiment pour quelle raison elle m’avait contactée, mais je trouvais ça plutôt chouette de rencontrer quelqu’un sans trop savoir pourquoi. Nous nous retrouvâmes à côté de chez elle, où nous sommes allées par la suite, accompagnées par l’un de ses amis. Encore une fois, nous avons commencé à parler de choses et d’autres, de la vie à Berlin, de la vie en France, du fait qu'elle avait fait de la taule pour avoir éraflé une voiture… Je compris seulement au bout d’une heure qu’elle m’avait proposé qu’on se rencontre uniquement pour me donner des conseils. Elle en connaissait un rayon sur l’organisation d’événements, et souhaitait simplement partager ses divers apprentissages ! Elle ne pouvait actuellement pas ouvrir le lieu dont elle m’avait parlé parce qu’elle n’avait plus assez de fonds (deux ans à Berlin, ça vide le portefeuille !), mais ne lâchait pas ses projets pour autant.
C’était donc une très belle rencontre, sous le signe de ce partage qui définit si bien l'atmosphère ambiante de la ville.

Le mardi, je me suis rendue au Centre Français de Berlin. Ayant pris rendez-vous il y a un mois, je me dis que malgré mes activités professionnelles intenses, ce pouvait être intéressant. La conseillère qui me reçue était très gentille, mais le rendez-vous était pour le moins totalement inutile. La pauvre, elle m'avait accueilli avec le sourire aux lèvres, un café et un petit bloc note sur lequel étaient griffonnées plusieurs pages de conseils. Après quelques minutes à me poser des questions, elle me regarda l'air penaud et me dit "vous avez déjà fait l'intégralité des choses que je souhaitais vous conseiller". Je me suis marrée, et j'ai repris la route en me disant que je pouvais flâner sans culpabiliser !
J'ai fait un peu de shopping (oupsi) puis je me suis arrêtée devant le Fernsehturm pour apprécier les phénomènes migratoires, formidablement mis en valeur par le monument. Ce bâtiment, à l'origine une tour de télévision/radio, était aussi connu pour son restaurant panoramique. C'était l'un des symboles de l'Allemagne qui, du haut de ses 368 mètres (merci l'ami wiki) semblait gentiment nous rire au nez, comme si son bec rouge pointé vers le ciel nous indiquait qu'il n'était pas prêt d'arrêter de pousser. Sa structure à la fois ronde et linéaire, mi-béton, mi-métal et mi-verre lui donnait un air hermaphrodite qui définissait assez bien la ville : inclassable et indomptable.


Après avoir observé les oiseaux tournoyer autour de ce havre de technologie (maintenant ancienne), je me rendis compte que durant le spectacle, la nuit était tombée et mes mains étaient gelées. Je décidais alors de continuer à marcher pour tenter de rejoindre mon point de chute, mais je me perdis en souhaitant faire la route à pied (quelle idée j'avais eu... 1h20 à pied en plein hiver à Berlin, t'en as d'autres des comme ça ?). J'ai finalement abdiqué pour le trame, l'âme en peine et les pieds en glaçons mais les yeux en joie.
J'ai retrouvé une pote pour aller manger des sushis tout bons (marché) et papoter, entre autre, de la différence des relations amoureuses que l'on peut entretenir avec des français et des allemands (j'avais donc beaucoup à dire, compte tenue de mon expérience notable dans le choppage de berlinois...). Proche de l'explosion, nous avons tout de même mangé nos petits biscuits chinois, par soucis des traditions. Le mien me prédisait l'avenir avec une véracité qui ne put que me sauter aux yeux. En lettres rouges sur fond blanc était indiqué "votre attitude positive se transformera en succès". Je me suis demandé en quoi je me serai effectivement transformée si j'avais été dans un remake de Freaky Friday (Mandela ? Lala des télétubbies ? Bergson ? Loana ?). J'ai ensuite pensé que tout de même, si je faisais preuve d'un peu de franchise, cette phrase représentait assez bien ma façon d'appréhender la vie (même si la définition de "succès" restait encore assez vague).


Le mercredi, j'attaquais mon premier jour de boulot dans le standard des concessions automobiles. L'équipe française était constituée de quatre personnes, Manon, Jean-Jacques, Tommy et moi. Manon était une jolie jeune femme de trente ans aux yeux bleus. Elle parlait souvent avec humour et sarcasme de son mari et de ses deux enfants, témoignant d'un amour à la fois inconditionnel et critique face à sa famille. Jean-Jacques (dont j'ai dû entendre le nom une bonne dizaine de fois avant de le retenir et d'oser le répéter) était un soixantenaire à la tête ronde et sympathique.Tommy était le dernier de notre bande de joyeux lurons. Je l'ai très rapidement apprécié parce qu'il me faisait penser à mon frère : grand brun à la tête fine et au large sourire, il était rigolo, certainement geek et intello sur les bords. Il avait rejoint sa copine à Berlin, qui venait de finir les beaux arts. Ce n'est qu'en commençant à lui poser des questions au sujet de ses projets artistiques que nous comprîmes qu'il m'avait en fait déjà contacté sur Facebook pour me parler d'elle ! J'ai trouvé ça tout de même bien cocasse que dans un boulot qui n'avait aucun rapport avec l'art (c'est le moins qu'on puisse dire), je retrouvais quelqu'un avec qui j'avais échangé à ce sujet quelques jours auparavant (ah on se tape des barres dans la concession, je vous dis pas !).
Dès notre arrivée dans les bureaux, nous avons passé plusieurs minutes à remplir des paperasses en anglais et en allemand (je me suis d'ailleurs dit qu'il pourrait y avoir marqué "tu bosses gratos petite conne" sur l'un des papiers et que j'aurais signé sans rechigner). Ensuite vint les heures de formation, qui avaient un effet profondément léthargique sur moi... Nous avons dû visionner des dizaine de concessions automobiles durant plusieurs heures (tout en ayant l'air au moins un peu intéressé). Sans surprise, j'ai baillé beaucoup, beaucoup, beaucoup, et piqué du nez des tonnes de fois... J'avais cette impression étrange de retourner en cours, mais pas n'importe lequel. J'ai ressenti cet ennui profond rarement éprouvé depuis mon entrée à la fac. En fait cette formation me faisait à peu près le même effet que mes cours de physique chimie de seconde, mais cette fois je ne pouvais pas me permettre de dessiner sur la table... Le pire, c'est qu'en ayant une méconnaissance absolue dans le domaine automobile (pas le permis par exemple), j'arrivais parfois à n'y rien comprendre !
Une fois sortie, je devais me concentrer sur l'événement du mardi soir : j'avais trouvé un grand nombre d'artistes, mais aucun n'était fixé pour le 30 (et nous étions le 24...) car cela leur paraissait toujours trop court pour s'organiser (ce que je comprenais amplement). Avec frustration, je refusais une place pour le concert de Rone et je m'y attelais jusqu'à 22h, heure à laquelle j'avais enfin booké deux artistes que j'appréciais fortement !
J'étais soulagée. Je descendis me chopper un kebab que je dévorais devant Shameless : le bonheur !

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